«Ukraine en feu»: la guerre vue par les yeux des Ukrainiens qui ont survécu à l’occupation de Marioupol et d’autres villes d’Ukraine

Les histoires du projet «Ukraine en feu» basé sur les plateformes «Instagram» et «Twitter», s’appuient aux rapports de Katia, 27 ans, de la ville de Marioupol assiégée. La jeune fille est l’incarnation d’une Ukrainienne sous le regard de laquelle l’armée russe commet ses crimes sanglants contre l’humanité depuis plus de deux mois. Katia est devenue une des mille voix de femmes qui témoignent silencieusement des actions inhumaines des occupants à Marioupol, Boutcha, Tchernihiv, Kharkiv, Kherson, Melitopol et autres villes ukrainiennes.

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Quelques jours avant l’invasion russe, Iryna est venue à Marioupol pour aider sa belle-mère gravement malade. Ni elle, ni son mari ni son fils de dix ans n’ont pu ensuite quitter la ville bloquée. C’était la seconde fois que la guerre affectait la famille: en 2014, ils avaient en effet échappé à la guerre du Donbass.

Dès les premiers jours, de longues queues se formèrent dans des supermarchés. Puis, on commença à dévaliser tout ce qui était disponible les magasins. Les gens prenaient non seulement des produits alimentaires et autres produits de première nécessité mais aussi l’alcool. C’est l’eau qui disparut des rayons en premier. On consommait l’eau prévue pour le réchauffement des paliers. On apprit à transformer de l’eau non potable destinée aux usages techniques en eau potable.

Une nuit, lors des bombardements, elle sentit son immeuble vibrer. Une bombe larguée par un avion avait heurté l’immeuble voisin, haut de treize étages. La moitié de l’immeuble disparut, un kiosque installé à proximité fut propulsé vers le ciel et se ficha dans un arbre. Suite à cela, entendant le fracas d’un avion, on se cacha immédiatement.

Une autre fois, un avion largua une bombe sur le bâtiment du théâtre, où les gens se cachaient. Près du théâtre, sur le trottoir, était écrit en majuscules le mot «enfants». C’était une attaque délibérée. Seuls ceux qui étaient sous la scène survécurent. Ils furent peu nombreux. Sans les avions russes, Marioupol aurait survécu.

Il y avait des jours où on ne sortait pas du tout des abris à cause des intenses bombardements. Une fois, ceux qui étaient dans l’abri tombèrent malades à cause d’un rotavirus. Les enfants d’abord, puis les adultes.

La plupart des gens faisant la queue pour prendre de l’eau ou cuisinant près de leurs domiciles mouraient à cause des blessures par éclat. C’est ainsi qu’un concierge périt, alors qu’il sortait pour prendre de l’eau. Le corps de cet homme resta longtemps par terre, sa bouilloire à côté de lui.

Il est impossible d’évaluer le nombre total des victimes à Marioupol. Personne n’a été ni couvert –les corps étaient visibles- ni enterré et on n’a pas non plus récupéré sur eux de documents. Les victimes sont restées allongées, on passait à côté d’elles. «Avant, je pensais que je n’avais pas peur de mourir et, que même si je mourrais, je serais réincarnée. Mais à Marioupol j’ai compris que je voulais vivre. Vraiment, je voulais que personne ne meure». Iryna est partie à l’étranger avec son fils et son mari s’est engagé dans l’armée.

«Marioupol, c’est la plaie saignante dans le cœur de tous les Ukrainiens. Est-il possible d’y croire, au XXIème siècle ? C’est pourtant un fait. C’est notre réalité. L’atrocité, l’impudence, la haine… et des dizaines de milliers de vies estropiées.

Aujourd’hui, les occupants démantèlent les bâtiments et effacent les preuves avec zèle. Les premières délégations des collaborateurs et des membres du Ministère des situations d’urgence russes ont commencé à visiter les appartements. Ils menacent les gens d’expulsion, mais les habitants de Marioupol restent sur place, même dans des cages d’escaliers, endurant les conséquences terribles de la guerre, comme on peut le voir sur la photo».

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